La plus grande partie du temps, les blessures ont pour origine le besoin d’être inconditionnellement aimés.
Dans toute interaction entre deux humains, deux systèmes communiquent avec des outils de réception différents. Chacun avec ses blessures, ses expériences, son vécu. Dans un échange entre deux personnes, la personne qui est amenée à souffrir de cette interaction, ressent la douleur de toutes les blessures précédentes similaires reçues au cours de sa vie, et vis dans la souffrance de toute cette mémoire. La personne qui a eu une attitude qui a fait souffrir l’autre, a agis en fonction de son système, de ses expériences, de son vécu, de ses attentes. Dans la connaissance ou la méconnaissance de la douleur de l’autre face à son acte. La douleur ressentie provient de l’interaction, et la souffrance, de la mémoire de toutes ces blessures. La plus grande partie du temps, les blessures ont pour origine le besoin d’être inconditionnellement aimés. A chaque fois que nous sommes blessés, c’est l’attente de cet amour inconditionnel qui ne vient pas comme on le voudrait qui nous fait mal. A chaque fois que cette attente n’est pas remplie, nous entrons dans un cycle infernal de doute, de culpabilité et de colère. Alimenté allègrement par la mémoire du passé. Cycle que nous enclenchons, nourrissons, entretenons avec la mémoire de tout ce que nous avons vécu dans le passé, comme support d’analyse et de conclusions. Quand l’autre a cessé d’agir, l’interaction est terminée, nous, nous continuons à entretenir la mémoire de la douleur, et donc la souffrance. Nous replongeons dans ses eaux troubles et nous accrochons à cette mémoire comme si notre vie en dépendait ; Lorsque quelqu’un nous blesse, nous avons besoin qu’il nous demande pardon. Nous plaçant encore dans cette position d’attente. Nous enchaînant encore plus a la douleur et nous condamnant a la souffrance. Nous n’avons aucune emprise sur le comportement de l’autre, ni sur ses attentes. En revanche nous disposons des commandes de nos propres attentes. Nous pouvons ainsi laisser de côté cette attente de pardon, et aller visiter notre propre douleur, notre propre souffrance. La souffrance que nous ressentons provient de la mémoire de toutes les douleurs que nous avons ressenties, à la même blessure. Et lorsque quelque chose vient encore réveiller cette douleur, nous enclenchons malgré nous le processus de mémoire de tous les événements qui nous ont fait ressentir cette douleur, nous plaçant dans la souffrance. Tout ceci se passe de manière inconsciente, nous le ressentons néanmoins vivement dans notre corps, a travers la même douleur: mal au ventre, coeur serré, mâchoire serrée, mal au dos, mal de tête. Parfois instantanément au moment de l’interaction, et puis nous l’emportons avec nous. Et nous ruminons. Ensuite nous avons le choix de l’entretenir, ou de l’apaiser. Nous avons le choix de laisser la mémoire des douleurs passées nous envahir ou décider d agir et de ne plus être à sa merci.
Nous avons le choix d’observer la mémoire de cette douleur physique et morale et de se pardonner de la ressentir, parce que somme toute, personne ne nous a obligé à la ressentir. Ce que fait l’autre le concerne, ce que j’en fais moi me concerne. L’autre réagit comme il le souhaite, je n’ai aucun contrôle dessus. En ce qui me concerne, il ne m’incombe que le fait de souffrir le moins possible de la réaction de l’autre. En prenant cette responsabilité de soi et de nos propres actes, nous nous retrouvons instantanément plus allégés. Nous ne portons plus que le poids de notre propre douleur. Nous abandonnons l’attente que l’autre réalise, regrette et nous demande pardon. Puisque nous nous en soucions moins, nous l’attendons moins. Et nous nous plaçons dans le travail de pardon envers soi même d’avoir ressenti cette douleur, d’avoir enclenché le cycle de mémoire de la douleur et de nous être remplis encore une fois de souffrance. Une fois cette responsabilité prise, nous pouvons adresser la situation avec plus de légèreté et certainement plus de clarté. Décider de s’occuper de sa propre souffrance et se pardonner a soi même, ne veut pas dire excuser l’agissement de l’autre. Parce que tout acte a ses conséquences. Simplement, du fait de nous pardonner a nous même, nous prenons la responsabilité de ce sur quoi vous pouvons agir. C’est à dire sur nous même. Et adresser l’autre sur la responsabilité de ses actes. Seulement. Nous avons le pouvoir de nous enchaîner ou de nous libérer. De rester centré sur l’autre ou sur nous même. Le tout n’est qu’une question de perspective.
Kenza Benmoussa le 14 novembre 2014