après le beau temps...

 

Bonjour  !

 

 

  

Tout d’abord, j’aimerais te remercier. Nous sommes tous assaillis par de l’information, une tonne d'informations, tous les jours.

Et tu choisis de me lire, je t’en remercie.

 

J’espère que tu vas bien, aussi bien qu’il est possible de l’être avec le contexte actuel qui continue de nous hanter.

Je tiens à saluer toutes les personnes, dont tu fais sûrement partie, qui s’approprient la douleur du peuple palestinien et qui peut-être lèvent la voix, ou s’abstiennent de consommer les produits qui alimentent indirectement ce génocide. Et je t’en remercie. Les nations du monde entier se soulèvent et ça fait chaud au cœur, continuons d’arrache-pied, il y va de notre identité même d’être humain de ne pas laisser faire.

Ce qui leur arrive à eux, peut arriver à chacun d’entre nous si on laisse faire.

 

Tu nous as laissé la semaine dernière en chemin pour Venise, la belle île italienne dont les canaux, l’architecture et les gens la rendent aussi particulière.

Nous y avons vécu des anecdotes intéressantes, et je voudrais te les partager.

 

La première nous arrive en chemin vers elle.

Nous nous sommes arrêtés pour faire quelques courses avec Bilal, nous avions faim.

On repère un énorme bloc, un centre commercial, on décide de s’arrêter à leur «Marjane» local qui s’appelle «Conad».

Je cite son nom ici pour lui rendre hommage, parce que pour la première fois, nous avons gagné quelque chose avec Bilal !

Il fallait voir nos yeux à la caisse lorsque la caissière nous tend le ticket en nous disant d’aller dans le guichet d’à côté pour récupérer notre cadeau.

Nous nous sommes regardés, incrédules, et nous avons senti en même temps cette joie monter de la pointe de nos pieds et nous animer comme un sapin de noël.

La dame dans le guichet d’à côté nous tend un sac énorme plein de victuailles.

Nous sommes en Italie, nul besoin de vanter leur nourriture. Pâtes, sauce tomate, gressins, gâteaux…

Un sac énorme ! Nous n’en revenions pas !

 

En rentrant joyeux dans la voiture, je dis à Bilal, ça doit être le bon Dieu qui te récompense pour avoir vu l’enseigne de McDonald’s et d’avoir choisi de ne pas y aller en soutien au peuple de Palestine.

Il m’a regardé avec ce regard doux que seule une mère peut reconnaître chez son enfant. Le regard qui symbolise la douceur, le contentement et l’union avec celle qui lui a donné la vie.

 

Nous arrivons avec moultes difficultés à Venise, après avoir été arrêtés par les contrôles 2 fois le même jour (la première fois pendant tout le voyage).

Les policières étaient des femmes, elles ont rassuré Bilal que c’était juste un contrôle, qu’il n’avait pas à s'inquiéter.

Voilà aussi pourquoi les femmes sont importantes dans ces métiers.

Elles ont écarquillé les yeux en apprenant qu’on avait conduit du Maroc ,et avec douceur, nous ont rendu nos papiers et nous ont escortés vers la sortie. Juste après les avoir quittées, internet ne marchait plus, panique à bord.

Bilal me rassure (je me demande où il a appris ça) : “Maman, on va trouver une solution, juste respire !”

 

On découvre avec émerveillement que même sans internet, le Google Maps continue à fonctionner ! On arrive au camping sans problème, on s’installe. On en profite pour faire notre lessive qui s’était empilée lourdement. Après ça, il n’était pas question pour moi d’aller visiter Venise, mon corps refusait absolument de bouger.

Nous avons dormi paisiblement, et le matin, le soleil nous a gratifié de sa présence, quelle joie ! Ça faisait des jours qu’il pleuvait.

Le camping offrait un service de shuttle pour se rendre à Venise, on se prépare et on y va…sans internet.

 

Avant de sortir, on avait repéré sur un plan où se trouvaient les agences de l'opérateur téléphonique chez qui nous avions acheté notre puce lorsque nous étions en Italie il y a quelques semaines. Mais on est à Venise, le plan de la ville est un peu tortueux.

On sort du shuttle, on traverse une partie un peu sombre de l’entrée de Venise. Une fois cette partie traversée, la splendeur de Venise vient à notre rencontre et je vois le visage de Bilal s’illuminer. Le mien aussi, ça faisait 20 ans que je n’y avais pas été.

On se balade en oubliant totalement internet.

Au bout de 10 mn, je m’en souviens en cherchant dans mon téléphone la carte téléchargée grâce au wifi du camping, et Bilal me dit : “Maman regarde à gauche”.

Je tourne la tête, l’enseigne tant désirée de notre opérateur italien ! Sauvés !

 

Je ne me suis jamais autant rendue compte de l’importance d’internet de nos jours. C’est lorsqu’on perd quelque chose qu’on se souvient de ce qu'on perd avec. Pour ma part, je ne sais pas circuler sans Google Maps, c’est indispensable.

Pour revenir au point de rendez-vous pour prendre la navette du retour, pour trouver le pont des soupirs et y faire un vœux, pour chercher où manger…le réflexe, c’est le téléphone.

 

Armés de nos gigabits, nous sortons de là prêts à remplir nos yeux et notre cœur de ce qu’avait Venise à nous offrir.

Le premier stop était…un magasin de magie !

Bilal m’avait fait quelques tours de magie appris sur internet, j’étais bluffée.

Je trouvais qu’il avait un certain talent, pourquoi ne pas l'alimenter.

On tombe sur un vieux monsieur aux allures de Carlos, ce chanteur français des années 80 qui chantait « Qu’est ce tu bois doudou dis donc » dont le gros ventre rivalise avec la grosse barbe.

Nous étions ses seuls clients, c’est la fin de la saison à Venise…Il nous fait des tours dans le but de nous motiver ensuite à en acheter.

Ça marche, on décide d’acheter les deux préférés de Bilal, et « Oscar », en bon italien, se lance dans une diatribe verbale instoppable. Heureusement qu’elle était intéressante !

 

On a appris que les italiens, tiens toi bien, payaient 70% de taxe sur leurs revenus…70% ! C’est indécent et déprimant !

Tu travailles Ă  100% mais tu ne gagnes que 30%.

« Oscar » n’avait pas les yeux tristes, malgré la tristesse de ce qu’il nous racontait. Peut-être était il aidé par la nature de son travail de magicien ?

 

Nous sortons de là malgré tout ravis, Bilal impatient de réaliser les tours.

Nous traversons Venise en état de béatitude face à cette beauté et aussi à la recherche du pont des soupirs. J’avais entendu que ce pont était connu pour y déposer ses vœux et qu’il avait le pouvoir de les réaliser.

Je n’ai jamais abandonné ma partie enfant qui croit au fantastique, et tu penses bien que je l’ai transmise à Bilal ; nous avions préparé nos vœux bien avant d’arriver à Venise, et nous avions hâte de les confier au pont des soupirs.

 

Lorsqu’on cherche son emplacement, le pont des soupirs se trouvait à l’entrée de Venise, à une heure de marche et pas du tout dans la direction dans laquelle nous souhaitions aller.

Juste à ce moment-là on tombe sur un autre pont, très spectaculaire.

Littéralement à ce moment-là.

Il y avait une foule de monde qui montait et descendait les marches du pont du Rialto.

On se regarde, on se prend par la main, je dis a Bilal : “On va prétendre que c’est le pont des soupirs, on monte et descend les marches en pensant très fort à nos vœux, et ça sera la même chose. Ok ? Bilal : “Ok”.

Il me sert la main, tourne la tête vers le pont et enfile son regard déterminé.

On monte les marches au mĂŞme rythme, on Ă©tait tellement dĂ©terminĂ©s que les gens se poussaient pour nous laisser passer. On arrive au bout, on se regarde, on se prend dans les bras en espĂ©rant secrètement que le vĹ“ux de l’autre se rĂ©alise. 

 

Les yeux pleins d’étoiles on continue à se promener jusqu’à tomber nez à nez avec la photo immense d’un iris. Quelle beauté !

Je ne sais pas si tu as déjà vu ça, mais c’est spectaculairement beau.

Il s’agissait d’une enseigne qui prend la photo de ton iris, ton œil, et te l’imprime et te l'encadre…si tu veux.

On rentre, on décide tout de suite de se l’offrir. C’était le seul cadeau matériel réellement qu’on se faisait tous les deux.

J’avais déjà vu mon iris chez l'ophtalmologue, mais je n’avais jamais pu voir celui de Bilal. Il a les yeux étrangement foncés, tellement qu’on ne peut pas discerner le centre noir commun à tous les êtres humains quelle que soit sa couleur d’yeux. Ses yeux sont une grande tâche noire. À ma grande surprise, ses yeux sont marron foncé ! Et sur la photo, ils ont plutôt une couleur bronze avec des motifs qui ressemblent à une fleur.

Le mien vert avec un cœur marron.

Ce qui était stupéfiant, c’est que mon cœur marron est exactement de la même couleur que tout l’iris de Bilal. Comme si mon centre à moi, constituait tout l’être de Bilal. Je l’ai vu comme la meilleure partie de moi, incarnée en Bilal.

 

J’ai trouvé que c’était d’une rare beauté et surtout d’une beauté unique parce que personne n’a le même iris que personne. Un peu comme les empreintes des doigts.

Je savais que je regarderai ce tableau avec autant de plaisir Ă  chaque fois que mes yeux le croiseront.

Comme je suis de nature communicatrice, j’ai évidemment échangé avec la vendeuse. Elle m’a partagé plein de choses, mais surtout une information qui va peut-être t’intéresser !

Cette enseigne (française à l’origine) existe depuis 2 mois à….Marrakech !

C’est un beau cadeau à se faire, et même si tu ne veux pas l’acheter, ils te proposent de prendre la photo et de te la montrer sans frais…! elle s'appelle Iris Galerie.

 

Ça fait 2 mois que nous sommes en vadrouille avec Bilal, et nos aventures, à ce que vous me partagez, vous donnent l’impression de voyager avec nous. Et pour la plupart d’entre vous, les leçons derrières ces aventures laissent une trace encore plus grande. J’avoue que c’est réellement ça ma motivation, partager les leçons que ma vie, telle que je la choisie, m’apporte, et que ça puisse être utile.

Un rappel, une découverte, une reconnexion avec quelque chose de vaguement là. C’est mon objectif avec ces lettres que je t’envoie.

 

À l’heure ou je t’écris, nous sommes à Valence, de retour là où nous avons démarré notre voyage.

 

Nous avons décidé (plus moi que Bilal en réalité) de nous arrêter un moment.

La fatigue, le froid rendent ce voyage moins agréable.

Le temps n’est plus au voyage pour nous, il est hostile pour « Josette » à ce qu’elle nous fait sentir, lorsque le soir venu, le froid nous empêche de bien dormir.

Alors nous allons faire une pause.

Sur le chemin nous avons été allègrement arrosés par la pluie, dangereusement ballotés par des vents intenses et nous sommes arrivés, sains et sauf à 35 mn de Valence, où nous allons poser les valises quelque temps.

 

Il n’empêche pas que je continuerai à te partager nos aventures humaines parce qu'avec ou sans voyage physique, il y a toujours un voyage humain.

 

Je ne sais pas combien de temps la pause durera, ce que je sais par contre c’est que mes partages continueront, j’espère qu’ils continueront à alimenter ton imaginaire, ton voyage intérieur et t’apporter du baume au cœur.

 

Comme à l'accoutumée, quelques photos de ce voyage...pas beaucoup mais un peu quand même 🙂

https://youtu.be/nGoCHgvvseM

 

 

Ă€ la semaine prochaine !

 


 

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